Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

à l’atelier, mais il se trouva incapable d’un travail suivi. Il rentrait exténué le soir, dormait mal et s’obstinait à repartir le lendemain. Geneviève essaya vainement de le retenir plusieurs fois. Il voulait la nourrir, nourrir leurs petites, et elle voyait avec terreur ses joues hâves se creuser encore, et ses yeux briller d’un éclat plus vif. La fièvre le reprit par accès. Elle redouta tous les jours davantage le retour du soir où il prenait sur ses genoux les enfants qu’il aimait, et mêlait son haleine malade à leurs souffles innocents. Clairvoyante du danger elle affecta de s’en soucier peu pour elle-même et se livra aux caresses de son mari avec une abnégation qui illuminait ses prunelles d’une flamme héroïque.

Un matin que Morin ne put se lever, Geneviève vit avec surprise le grand-père retirer les draps de son lit, et les pousser dans un coin.

— Mais ce n’est pas aujourd’hui que je vais laver, observa-t-elle.

— Eh bien ! ils attendront la lessive. Donne-m’en des blancs tout de même. C’est pas pour moi que je fais le lit.