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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/257

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Et pour qui donc ?

— Pour toi, ma fille. Tu coucheras ce soir dans ce cabinet avec tes petites, et moi je prendrai ta place à côté de Frédéric. Tu dor- miras mieux. Regarde-la, mon fils, elle ne tient plus debout. Ses mains sont devenues toutes blanches comme celles des belles dames, et elle n’a plus de couleur sur ses joues qui sont tout amincies. Elle ne doit plus coucher auprès de toi, tu la réveilles, et puis, et puis… (il tortillait entre ses doigts un bout de mouchoir), c’est pas pour te faire du chagrin, mais elle est trop jeune pour attraper ton mal. Qu’est-ce que les fillettes deviendraient si leur mère ne pouvait plus travailler ?

Stupéfaite, Geneviève écoutait ce discours du vieillard qui depuis longtemps n’en avait dit si long. Chargé d’une émotion intense son regard interrogea celui de son mari. Il était devenu plus blanc que son oreiller et elle crut qu’il allait trépasser.

— Grand-père, grand-père, qu’avez-vous dit ? Voyez comme vous lui avez fait du chagrin.

Elle se pencha sur le front où perlait une