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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/258

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

sueur d’angoisse. Doucement, pour la première fois, son mari la repoussa.

— Pauvre femme, murmura-t-il. Va, laisse-le faire, il a raison.

Puis quand il eut repris haleine :

— Ah ! vois-tu, j’aurais dû comprendre plus tôt. Je suis un égoïste. À l’atelier, hier, il y en a un qui, après une quinte de toux qui m’avait secoué, a murmuré : « Il n’aura pas bientôt fini de nous empoisonner ce bougre-là ! » Les autres lui ont fait signe de se taire, et j’ai fait celui qui n’a pas entendu… mais ça m’a porté un coup là, et dire, dire…

Il n’acheva pas, mais il se tourna vers la muraille et sanglota. Avec effort, il reprit :

— Demain, si je ne puis pas aller à l’atelier, je rentrerai à l’hôpital.

— Non, je ne veux pas ! cria-t-elle.

— Si, ma femme ! Demain je me lèverai pour travailler ou pour… finir.

Il retourna cependant au travail ; mais une affreuse tristesse pesa sur lui et sur Geneviève. Elle essayait de la secouer et voulait se forcer à l’espoir. « Avec le beau soleil, tu verras