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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/260

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

respirer le lendemain. Geneviève ne le quitta point, et perdit ainsi un gain précieux.

Lorsque Morin rentra le soir il trouva le vieux tout froid, étendu sur le lit blanc. Deux bougies éclairaient ce front sillonné de rides profondes, ces petits yeux enfoncés sous les paupières flétries, à jamais abaissées.

À côté du mort, Geneviève avait dressé leur couvert ; ils prirent ainsi leur repas, interrompu par les pleurs de Paulette qui, un peu délaissée, réclamait sa part de soins ! Nénette n’était pas là, mais auprès de la mère de Clémence, accablée elle aussi par un chagrin nouveau. Depuis dix jours, Clémence avait dû s’aliter avec la fièvre, et le docteur diagnostiquait une première atteinte de tuberculose.

La nuit des époux fut tourmentée par le souci. Comment allait-on enterrer le grand-père ? Geneviève ne voulait pas qu’il allât à la fosse commune. Une concession de cinq ans coûtait cinquante francs. On les trouverait en vendant la suspension et divers objets. Mentalement, elle faisait le sacrifice de la petite bague bleue, jalousement conservée au fond