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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

de sa boîte de pensionnaire, malgré leurs récents malheurs.

Frédéric refusait. Ils étaient trop pauvres. Ils devaient au propriétaire. Savaient-ils ce qu’apporterait le lendemain ? Mieux valait se résigner à une fin semblable à celle des bêtes. C’est le sort des gueux de pourrir côte à côte. Ils n’étaient plus que des gueux !

Geneviève ne se laissa pas convaincre. Elle ne voulait pas subir cette défaite et appelait à son aide toutes les forces d’espérance, vivantes encore en son cœur, et que le destin, jour après jour, écrasait. Elle réfléchit et sortit le matin dès que son mari eut pris le chemin de l’atelier, abandonnant le cadavre dans ce logis, déjà empuanti. Elle obtint dix francs de sa bague, puis elle courut au magasin et demanda à la première qu’on voulût bien lui faire l’avance de trente francs. Ainsi, avec la semaine de Morin, elle arriverait à payer au pauvre grand-père un coin de terre solitaire, quelques années durant.

Ce fut Heim lui-même qui lui apporta sa réponse.