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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/270

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

qu’on s’était privé de viande pour le lui offrir. Même, il avait voulu donner de son raisin à Nénette, et maman avait dit : « Ne lui en donne pas trop, elle en a déjà mangé. » Ca, ce n’était pas vrai ! mais il fallait dire comme ça pour que petit père mangeât le raisin. Nénette l’avait bien compris et elle n’avait pas mangé toute la belle grappe que petit père lui tendait ; seulement quelques grains. Ils étaient bien bons et Nénette en aurait goûté beaucoup d’autres, mais elle avait vu que petit père était content de manger une aussi bonne chose, car ses yeux brillaient ! Il faut faire plaisir aux malades. Ce n’est pas gai d’être couché toute la journée à côté de gens qu’on ne connaît pas du tout. Puis quand on était rentré à la maison, ou plutôt dans cette vilaine chambre, maman avait encore embrassé Nénette en pleurant, et l’avait appelée « ma chérie, ma pauvre petite chérie ». Depuis qu’on était ici, on s’embrassait, c’est vrai, mais on pleurait souvent !

Hier on avait mangé des pommes de terre et du pain. Ce n’est pas que ce soit mauvais, au contraire, et Nénette sait bien qu’il est