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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/277

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

s’est embarquée pour l’Amérique. Seule, la mère Renaud continue de mener une vie pour le moment exempte de tribulations cruelles. Certes, elle n’est pas mauvaise et ne refuserait pas un morceau de pain à son ancienne voisine. Mais Geneviève n’a pas le désir d’aller mendier sa pitié. Et puis ce ne sont pas des pauvres qui peuvent faire vivre trois personnes : il faudrait des riches. Geneviève n’en connaît pas. Et d’ailleurs ce qu’il lui faut, ce n’est pas une aumône, c’est du travail. Elle en aura !

Dieu que la route est longue ! Enfin, après une heure de marche, car elle n’a pu prendre le métro, les jambes raidies par la fatigue, les yeux brillants, elle entre dans le magasin.

Il est désert. La première seule est à son poste qui range des pièces d’étoffe.

— Ah ! c’est encore vous, dit-elle, de sa voix rude. Il n’y a pas plus d’ouvrage aujourd’hui qu’hier.

Geneviève s’est arrêtée à quelques pas du comptoir derrière lequel se tient la grosse femme.