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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/278

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Oh ! madame, implore-t-elle, en joignant les mains.

Elle s’approche, on dirait la figure de la désespérance en marche.

— J’ai cherché partout ! Mes enfants ont faim ; je n’ai plus un sou et ma fille et moi nous n’avons mangé qu’un morceau de pain depuis ce matin !

Madame Charles baisse les yeux. Elle n’est pas mauvaise ; elle n’est que docile. Elle devine pourquoi, de préférence à d’autres, c’est celle-ci qu’on affame après avoir essayé de l’amadouer. Dans le visage exsangue, les beaux yeux bruns brillent d’un éclat étrange, presque fou. Oui, c’est ainsi qu’on la veut, peut-être ?

Elle hausse les épaules.

— Je veux bien vous donner du travail, moi ! Mais c’est pas moi qui décide, vous le savez. Monsieur est là, dans son bureau, parlez-lui.

Et tandis que Geneviève frappe à la porte, la première s’éloigne un peu, va vers la rue, comme pour surveiller l’étalage.