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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/284

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Oui, t’as trop peiné.

Il lui prend les mains et les caresse.

— Et le propriétaire ne vous donnera pas congé au demi-terme ?

— Non, j’ai payé un acompte.

Las d’avoir tant parlé, un peu rassuré, il se laisse retomber sur l’oreiller sans lâcher les mains de sa femme qu’il regarde avec amour.

Pourquoi donc les yeux de Geneviève, ces yeux toujours beaux, bien qu’à travers leurs longs cils transparaisse la ligne rouge dont les veillées ourlent les paupières des ouvrières, se détournent-ils des siens ? Pourquoi tant de pitié dans leur regard ? Si ce n’est pas le manque de travail, si ce n’est pas le propriétaire, si ce ne sont pas les enfants qui causent leur détresse, c’est donc… ? Avec effroi, il s’examine. Il est fiévreux : ses mains sont devenues transparentes comme celles d’une petite dame ; son corps s’est écorché aux draps. Ah ! sans doute il est plus mal ! L’infirmière aura donné de mauvaises nouvelles.

Anxieux, il interroge ?