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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/288

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

tables souvenirs ! Quinze jours à peine sont écoulés depuis ce matin où un avis de l’hôpital lui apprit le décès de son mari, en l’invitant à venir reconnaître son cadavre et à s’entendre avec l’administration pour son ensevelissement.

Elle revoit l’horrible « salle de repos » où, sur les dalles froides, les morts sont couchés, rigides sous le drap blanc, en attendant le cercueil de volige et la fosse commune. C’est là, dans la compagnie de ces cadavres qu’elle a contemplé pour la dernière fois celui qui fut bon pour elle, et son cœur s’est révolté contre le destin. Elle n’a pu s’agenouiller pour une vague prière. Elle ne croit plus, et puis, ils étaient trop, trop dont les faces tourmentées disaient les luttes amères et la défaite finale qui les avaient conduits là.

Avec l’aide de l’homme, préposé à ses soins,. elle a passé au mort une chemise blanche afin qu’il ne fût pas cousu nu dans le linceul. Elle ne pleurait pas. Est-ce qu’on pleure quand on n’a pas pu garder sa bouche pure pour le dernier baiser qu’on pose sur un front glacé ? Est-ce qu’on pleure quand on n’est pas seule