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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/290

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Alors son cœur s’est déchiré et elle a sangloté devant tous sa douleur et sa révolte.

Des camarades émus lui ont serré la main, puis apitoyés par sa détresse, ils ont remis à la vieille ouvrière quelques pièces d’argent que celle-ci glissa dans la main de son amie, après qu’exténuées elles eurent regagné ensemble le logis où Nénette, triste petite gardienne, était restée auprès de sa sœur.

Et les jours ont renoué leur chaine monotone. Geneviève n’est pas retournée au magasin où elle a connu la pire humiliation. D’ailleurs maintenant, on ne se soucie plus de sa chair flétrie… elle n’est pas mieux servie que les autres. Machinalement, tandis que s’ébauchait dans son cerveau lassé, l’idée d’une délivrance, elle a cherché de l’ouvrage. Elle en a trouvé un peu. Elle a fait des journées de trois francs et dés journées de deux francs. Et puis, la « morte » est revenue avec le froid et hier la concierge lui a signifié Le congé du propriétaire auquel elle doit un terme entier. Il faudra qu’elle s’en aille par les rues demain, avec ses deux petites pour chercher à louer une autre