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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/291

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

mansarde. Si partout on la repousse, elle vendra les meubles qui lui restent et se mettra en garni ce qui coûte plus cher. Elle le sait bien qu’une femme ne peut pas élever deux enfants avec son aiguille ! Elle était au bord de la misère quand Morin l’a sauvée. Et maintenant, qui la sauvera ? Lui faudra-t-il les soirs où elle n’aura pas travaillé faire comme une ouvrière qui demeure à côté d’elle et descendre dans la rue ? Non ! elle a mangé de ce pain-là. Elle n’en veut plus.

Les enfants maintenant reposent, mais Nénette a pleuré avant de s’endormir, car elle avait faim. Paulette ne crie ni ne pleure ; elle n’a plus de forces. Cela, la mère ne peut plus le supporter. Elle ne peut plus voir ses enfants s’étioler et lentement mourir. Et puis, pour quelle vie les élèvera-t-elle, les pauvres petites ? Est-ce que c’est une vie que celle de Nénette qui, à six ans, coud des agrafes, soigne la petite sœur et ne joue jamais ? Pour l’envoyer à l’école, il faudrait qu’elle ne fût pas nécessaire à la maison. Et que pourra-t-elle devenir ? Une pauvre petite sans force, qui ne vivra