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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/298

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

bien, comme hier Geneviève mentait à son mari, par un effort d’amour. Car nul soin n’a pu rappeler à la vie les deux frêles créatures. Avant que la mère ne se réveillât, une infirmière les a emportées au fond du jardin, dans le dortoir funèbre qui touche à l’amphithéâtre !

Et bientôt, tandis que Geneviève confiante, repose un instant, c’est là que la jeune fille se dirige.

C’est une petite porte basse qui ouvre sur une vaste salle sombre. Des lits sont alignés le long des murailles, (ils sont une vingtaine), et sur chaque oreiller blanc se détache la tête d’un petit enfant mort, dont les lèvres bleues ne donneront plus un seul baiser, dont les bras roidis, allongés le long du corps dans la pose commode pour le cercueil ne se tendront jamais plus vers les bras maternels.

« Ses filles, ses filles », murmure Marguerite, le cœur broyé par une émotion qu’elle comprime depuis des heures. L’aînée, cette petite aux boucles brunes, aux traits boursouflés par l’horrible mort, mais qu’on devine amenuisés par la misère, n’a pas plus de cinq ans sans