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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/303

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

toire. Elle évoqua la soirée où Varenne alla dans la neige chercher sa fille et revint seul ; elle dit son regret amer, sa mort et la mission qu’il lui légua de retrouver Geneviève.

— C’est l’excès de ton malheur qui seul nous a rapprochées ! Hélas ! Geneviève, peux-tu me dire à ton tour quelles circonstances affreuses t’amenèrent ici ?

Cette demande ramenait la pauvre femme à ses douleurs présentes. Une crise de sanglots la secoua. Cependant par phrases entrecoupées elle dit aussi son histoire tout entière, jusqu’à l’immolation suprême. Ah ! que lui importait ce que les heureux appellent déshonneur et pudeur !

Marguerite assistait, muette d’effroi, au spectacle de cette existence poursuivie par la malchance et le malheur jusqu’au moment où la mort apparut l’unique délivrance. Son cœur se déchira dans une révolte suprême contre la cruauté de la vie et d’une société où des êtres bons peuvent succomber ainsi sous les coups du destin. Lorsque Geneviève acheva son affreux récit par ces mots : « J’ai tué mes enfants, je