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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/311

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

m’entretenir. J’étais loin de soupçonner qu’il en recouvrit un autre. Ce nom de Morin m’avait frappé cependant comme déjà entendu, mats il est si commun ! Je soupçonne à présent que cette pauvre femme pourrait être celle dont un jeune ouvrier vint m’entretenir, il y a deux ou trois ans, et que j’avais aperçue dans les couloirs du Tribunal de Commerce, à l’heure où elle venait d’y retrouver par hasard son premier amant. Je me la rappelle fort bien : une figure jolie, enfiévrée de peine, sans aucune vulgarité. D’ailleurs, l’ouvrière de Paris est une si fine créature qu’on ne s’étonne pas de trouver des manières distinguées à des femmes qui portent des robes de rien et des chaussures éculées. Votre protégée (le mot sœur l’avait fait hésiter) passera en cour d’assises ; elle sera d’abord convoquée chez le juge d’instruction chez lequel je l’accompagnerai. J’irai auparavant la voir à l’hôpital. Je saurai cet après-midi si un juge a déjà été commis. Mais soyez sans crainte sur l’issue de l’affaire. Il faudrait que je fusse un bien mauvais avocat pour ne pas obtenir l’acquittement de ma cliente. La pitié