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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/318

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

plus frêle encore sa frêle silhouette. Elle était pâle, non qu’elle éprouvât une émotion très forte d’être là, mais parce que le chagrin, après la misère, avait achevé d’épuiser son sang. Ses yeux bruns, au regard de velours où brillaient jadis l’ardent désir de vivre, avaient perdu leur éclat. Les larmes avaient brûlé leurs franges. Lorsqu’elle s’assit, elle sembla s’affaisser derrière la massive travée de chêne destinée à l’isoler de la société. En face d’elle étaient les hommes qui allaient prononcer sur son sort ; à sa droite, celui qui la défendrait et dont la parole de bonté l’avait secourue plusieurs fois durant ces semaines silencieuses, et là-bas, les juges rouges aux faces impassibles. Au demeurant, ils étaient vingt-neuf que la société mobilisait pour s’occuper aujourd’hui de sa chétive personne et dont ni la sévérité, ni la clémence, ne pouvaient plus rien pour alléger son cœur du poids effroyable qui le tuait.

Elle n’entendit point que le président l’invitait à se lever. Il fallut qu’un garde lui répétât l’injonction et la mît debout sans rudesse.