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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/319

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Et le supplice de l’interrogatoire public commença. Elle répondit aux premières questions. Hélas ! c’était toute sa vie misérable qui repassait devant ses yeux ; sa vie qu’il fallait bien évoquer devant les juges, mais dont le spectacle comme détaché d’elle-même lui fut intolérable. Et lorsque le président, apitoyé, arriva à la maladie de son mari, à ce prélude de son irrémédiable malheur, elle jeta vers lui un regard de bête traquée, si douloureux, qu’il atteignit le cœur de l’homme à travers la robe écarlate et fit hésiter la parole sur les lèvres rasées. Puis incapable de prononcer un mot de plus, elle ensevelit sa figure dans ses mains devenues trop blanches et trop fines, et sanglota.

Les stagiaires et les journalistes cessèrent de causer et dans l’auditoire un murmure de pitié courut.

On appela les témoins.

Vinrent d’abord ceux que citait l’accusation : la concierge, le commissaire de police appelé pour les constatations : l’interne de service qui tenta vainement de rappeler les deux fillettes à