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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/321

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

cinquante-deux ans ? Ah ! nous en avons connu de la misère durant les semaines de morte-saison, et malgré tous mes efforts, je n’ai jamais pu donner à ma fille la bonne nourriture dont elle aurait eu besoin. Aujourd’hui, elle qui peut gagner cinq francs cinquante par jour toute l’année dans une grande maison de couture, elle est en traitement dans un sanatorium pour la tuberculose. Elle n’a jamais été assez nourrie pour devenir forte. Alors, que serions-nous devenues si j’avais eu deux enfants au lieu d’une ?… Mon Dieu, un jour de désespoir, j’aurais peut-être bien allumé un réchaud comme la malheureuse qui est ici.

— Il y a l’Assistance Publique, intervint le président.

— Bien sûr, il y a l’Assistance ; mais ne croyez-vous pas que ce soit dur d’abandonner ses enfants, de les donner à des étrangers et de n’avoir plus jamais de leurs nouvelles parce qu’on est trop pauvre pour les nourrir ? C’est des choses qui révoltent un cœur de mère ! Et puis la faim, faut savoir ce que c’est ! Ça tourne la tête. Il y en a qui descendent dans