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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/322

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

la rue ; il y en a qui se tuent. On ne sait plus bien comment raisonner quand on n’a plus rien dans l’estomac et qu’on entend les petits demander du pain qu’on n’a pas.

Geneviève n’était plus seule à pleurer.

La vieille femme vint s’asseoir au banc des témoins et la porte se rouvrit pour livrer passage à Marguerite.

— Vous jurez de dire la vérité, toute la vérité demanda le président.

— Je le jure, dit-elle, en levant la main droite.

— Parlez à messieurs les jurés.

Le visage pâle de la jeune fille se contracta. Une émotion intense étouffa ses premiers mots. Mais ayant, d’un grand effort, comprimé les battements de son cœur, elle dit :

— La femme que vous avez à juger et qui est accusée d’avoir tué ses enfants, est ma sœur. Nous ne sommes pas les filles de la même mère, mais nous sommes les filles du même père, car mon père n’avait pas reconnu sa première fille quand elle vint au monde. Il ne la retrouva que beaucoup d’années plus tard, à la suite de circonstances que je vais retracer.