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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/324

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

terons ensemble. Si vous me la rendez, c’est là que, ce soir, je l’emmènerai ; elle y sera chez elle et je l’y entourerai de toute l’affection que lui devaient les êtres qui tour à tour l’ont abandonnée… et peut-être le souvenir de ses malheurs s’affaiblira-t-il peu à peu. Peut-être retrouvera-t-elle auprès de moi, sinon la joie, (je ne puis espérer un si grand miracle), du moins la paix du cœur. Messieurs, vous ne pouvez pas la condamner comme une criminelle, elle qui succomba sous la détresse ! Vous ne voudrez pas, en me l’arrachant, ne fût-ce que pour peu de temps, m’empêcher de remplir auprès d’elle une tâche sacrée !

Elle s’était animée en parlant, ayant laissé tomber toute timidité dans l’élan de sa prière et si elle s’était retournée, elle eût pu surprendre le regard pénétrant de Valdier fixé sur elle, avec une attention à la fois émerveillée et attendrie.

Le réquisitoire de l’avocat général fut bref. Tout en admettant les circonstances atténuantes, il demanda cependant une condamnation ; car, dit-il, « la société qui assure au besoin