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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/325

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

la vie des enfants, ne doit jamais sanctionner le droit de leur donner la mort ». Enfin Valdier se leva et Marguerite peut-être fut seule surprise de l’entendre commencer par ces mots :

— Messieurs de la Cour, messieurs les Jurés, ma tâche me semble en vérité facile, car la cause que j’ai le douloureux honneur de défendre, n’est-elle pas déjà gagnée par le récit poignant qui vient de faire vibrer dans vos cœurs les sentiments de justice et de pitié auxquels je devais faire appel ? Qu’ajouterai-je à ce témoignage d’une sœur privilégiée, qui vient vous demander de lui rendre une sœur brisée sous les injustices sociales accumulées ? La malheureuse femme que vous avez à juger, ou plutôt, en faveur de laquelle votre clémence va s’exercer, m’apparait, hélas ! comme l’incarnation vivante du malheur féminin. Enfant naturelle non reconnue, elle est vouée à la misère puis à l’anonymat des maisons d’orphelines ; elle grandit, privée de l’affection dont son cœur est avide. Par un hasard qui pourrait être une revanche du sort, elle entre en qualité de servante chez son père et là, sans que sa raison ait