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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/327

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

pas gagner leur nourriture, les tribunaux ne se réuniront plus pour juger des actes de désespoir, semblables à celui qui nous rassemble ; car les mères ne connaîtront plus l’horrible tentation de donner la mort à leurs petits, pour les soustraire à une vie misérable. Que la société qui, tout à l’heure, par la bouche de monsieur l’avocat général, invoquait, pour vous arracher une condamnation, même légère, le respect de la vie humaine, commence par respecter la vie du petit enfant en soustrayant sa mère à l’horrible alternative de vivre de prostitution, ou de mourir de faim en travaillant ! Car cette malheureuse femme, dans l’espoir illusoire de conserver un foyer à ses enfants, était venue grossir le nombre des ouvrières à domicile, ces parias de notre civilisation, pour le malheur desquelles semblent s’être associées la rapacité des fabricants et l’inconscience de la cliente. Contre ces forces coalisées, contre cette injustice atroce de la société qui ignore la mère pauvre, (à son détriment d’ailleurs, car elle laisse ainsi dévorer par la faim ou le désespoir, les êtres dont elle a