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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/332

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

étaient sans larmes, mais ils restaient ternis de toutes celles qu’ils avaient versées, et une expression de lassitude infinie étendait son voile sur leurs regards. Des sillons profonds s’étaient creusés aux commissures des lèvres qui, en la seule présence de Marguerite, se forçaient parfois à sourire.

Cependant, Geneviève posa son travail. Elle venait de se rappeler que sa sœur l’avait chargée d’une commission, et elle s’apprêta pour aller dans une grande maison de nouveautés acheter le coupon de soie nécessaire à la blouse qu’elle devait coudre le lendemain pour Marguerite.

À cette époque de changement de saison, la foule affluait dans le magasin, foule composée de mondaines et de petites bourgeoises, les unes vêtues avec élégance, les autres d’étoffes sans valeur, arrangées avec goût, toutes en quête de « l’occasion », de l’article avantageux, flatteur pour leur vanité.

Geneviève passa devant des écharpes de dentelle et de gaze que les clientes frôlaient d’une caresse, comme pour éprouver un ins-