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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

tant le plaisir de leur possession. À côté, le comptoir des fleurs brillait comme un jardin où les pétales diaprés s’offraient aux mains impatientes ; des monceaux de myosotis et de boutons d’or communs, attiraient aussi de nombreuses convoitises. À l’aspect de ce parterre artificiel, la jeune femme revit soudain la loge où sa concierge veillait pour fabriquer ces grappes par centaines et gagner quelques sous ! Elle songea à Rose qui, habile ouvrière, passait les nuits pour assembler les pétales des roses et menait une existence précaire ! Là où les acheteuses empressées n’apercevaient que des guirlandes et des bouquets, faits d’une soie plus ou moins fine, elle eut la vision de toutes les ouvrières fleuristes de Paris dont la saison de travail est si courte qu’elle leur permet rarement de manger à leur faim ! Elle soupira : mais voici qu’un intérêt qu’elle n’avait point prévu attirait maintenant ses regards vers les comptoirs où se débitaient, dans cet immense champ de foire, les articles les plus divers pour satisfaire aux besoins de la coquetterie féminine. Des mouchoirs brodés pendaient comme grappes