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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/335

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

portait point un gros bénéfice, servait cependant à couvrir les frais généraux ? Comment ? Ah ! elle aurait pu donner la réponse !… Quant aux belles chemisettes de linon fin, incrusté de dentelles de prix, elle doutait que les mains lointaines qui les avaient cousues eussent reçu le salaire de leur travail. Le cœur serré elle évoqua le quartier de la confection ; les rues que si souvent elle avait traversées, chargée d’un lourd paquet qui représentait un si faible profit ! Dans une des dernières maisons où elle s’était adressée, une femme, aux mains chargées de bagues, distribuait aux ouvrières des jupons à six sous. Elle revit les faces aveulies des malheureuses qui attendaient l’ouvrage comme une faveur, et n’osaient exprimer les plaintes qu’elles laissaient échapper dans la rue, en s’en retournant vers les taudis où elles coudraient, avec des mains enfiévrées et parfois auprès d’un malade, les effets qui vêtiraient ensuite les femmes et les petits enfants. L’étendue d’un mal dont elle n’avait, jusqu’ici, éprouvé que des blessures personnelles, la frappa tout à