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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/337

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

aux pensées qui l’entraînaient, sans qu’elle le comprît encore, vers une aube nouvelle.

Elle s’arrêta au rayon des soieries exotiques où elle avait à faire l’achat pour lequel elle était venue.

Avec le soin qu’elle apportait encore à toutes choses alors surtout qu’il s’agissait de sa sœur, elle examina les étoffes, compara les prix. Au milieu des pièces au mètre, sur le comptoir même, on avait placé un mannequin habillé d’une jupe de tissu semblable. Deux jeunes acheteuses, occupées aussi à choisir des shantungs, examinèrent la jupe confectionnée, et regardèrent l’étiquette qui pendait à sa ceinture. L’une d’elles, après avoir réfléchi, dit tout haut : « Je vais acheter la jupe toute faite : la qualité de l’étoffe est presque la même que celle de la pièce et je gagnerai la façon. Faire faire la jupe par ma couturière me reviendrait plus cher. »

Geneviève leva les yeux vers l’acheteuse : une femme gracieuse et jeune encore, qui ne se doutait pas qu’elle venait de prononcer des paroles qui eussent dû lui ouvrir un univers.