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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/338

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Sa figure gentille ne trahissait que l’attention d’une femme économe ; nulle dureté, nulle angoisse non plus sur ses traits auréolés de bouclettes sous un large chapeau.

Un mot d’explication faillit échapper à Geneviève ; mais elle avait trop l’habitude du silence pour le prononcer. Cependant une idée la frappa avec une force singulière : « Si elle savait, si elle connaissait la rançon de cette jupe avantageuse et par qui elle fut payée, raisonnerait-elle ainsi ? Et si, non seulement cette femme, mais si toutes celles qui se pressent devant les fleurs à bon marché et qui s’arrachent les chemisettes-réclame, savaient le prix des occasions à l’affût desquelles elles se tiennent, leur cœur, ne se révolterait-il point ? leur conscience ne parlerait-elle pas plus haut que leur coquetterie, que leur souci d’économie ? Ou plutôt que leur désir d’avoir le meilleur au meilleur marché, sans se demander si le meilleur marché a pu être obtenu par des conditions de travail humaines ? »

Elle pensa à l’association de couture où elle avait été accueillie et qui voyait venir à elle