Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

une clientèle de choix, mais combien ce magasin paraissait lilliputien à côté des colosses qui vivaient sans s’inquiéter de dévorer les forces de l’ouvrière ? Oh ! parler à ces femmes, à ces clientes, éclairer leur jugement, convaincre leur cœur !

Elle sortit d’un pas rapide. Pour la première fois, elle avait dans l’esprit une autre pensée que le souvenir de ses fillettes asphyxiées, un désir qui ne fût pas un désir de mort.


Lorsque Geneviève rentra, elle trouva Marguerite en train de causer dans leur petit salon avec Raymond Valdier qui continuait à fréquenter les deux sœurs. Tous deux furent surpris de l’expression nouvelle répandue sur son visage, et comme Marguerite la remerciait de la peine qu’elle venait de prendre, Geneviève lui répondit :

— C’est bien plutôt à moi de te dire merci car je viens de recevoir une impression si étrange et si forte que j’en suis encore ébranlée.

Et lentement, elle se mit à conter ce qu’elle venait de voir et d’éprouver, et à travers son