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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/40

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE


35 débris du passé, dans l’enchevêtrement étrange du toit familier ! Le grenier l’a vue déguisée en reine, en déesse, en chasseresse, suivant que ses premières lectures lui donnaient le goût des grandeurs ou celui de la liberté. Telle vieille caisse lui a servi de trône, ou lui fit une hutte dans la forêt des planches. Puis lorsque le jeu avait épuisé les ressources de son imagination, elle ouvrait la lucarne et se délectait de la vue du monde. Toute la ville était à ses pieds ; les vieilles ruelles coupées de jardinets ; les larges avenues modernes ombragées de platanes aux troncs blancs, que surplombent les clochers ajourés des églises et les tours crénelées de l’antique abbaye. Par delà s’étend la campagne toute rose et blanche au printemps et plus loin, contre le ciel, cette ligne bleue, c’est la mer ! Oh ! le vieux grenier riche de mystère et d’espace, comme il y fait bon ! et la jeune fille, laissant là le livre au sens précis qui tient son imagination captive, s’enfuit vers l’endroit préféré. Une petite porte basse y donne accès. Marguerite l’ouvre et s’arrête sur le seuil,