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Il partit ensuite pour une ville bretonne où
les lettres d’Adrienne ne le suivirent pas, et
peu à peu le souvenir de cet incident désagréa-
ble, qui aurait pu entraver son avenir, si
cette fille avait commis un esclandre, s’atté-
nua.
Parfois, cependant, un fait imprévu le
lui rappelait encore. Il n’était pas certain
qu’Adrienne eût menti ; il avait préféré ne pas
savoir. Des enfants lui étaient nés de la pater-
nité desquels il ne pouvait douter et si, à la
naissance de Marguerite, un remords lui traversa
l’esprit à la pensée qu’une autre petite fille
venue au monde, dans une maternité, dix-huit
mois auparavant, était peut-être aussi le fruit.
de ses amours, il le chassa si loin qu’il ne
sentit plus sa morsure lors de la naissance de
Marcel !
Et voilà que le remords ressuscitait à la vue
de Geneviève vêtue d’une vieille robe de Mar-
guerite.
Déjà il se gourmandait de son excessive
nervosité et se traitait irrespectueusement
d’imbécile, lorsque Geneviève rentra avec le
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE