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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/61

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

56 plateau à thé. Le même trouble le saisit. Ah ! la ressemblance n’était que trop réelle entre les deux jeunes filles ! Si Geneviève était un peu plus petite et un peu plus blonde que Margue- rite, elles avaient l’une et l’autre les mêmes yeux de velours brun, une petite bouche ver- meille qu’on aurait dit sculptée dans le même fruit savoureux, le même nez droit et mince et, chose plus extraordinaire, à cet instant où elles arrangeaient ensemble les tasses, leurs mains avaient des gestes semblables, et le sourire qu’elles échangeaient avait la même douceur affectueuse. Ah ! il fallait que Geneviève fût une bonne pour que cette ressemblance n’eût pas déjà frappé tous les membres de cette famille ! Elle n’était pas produite par la coïnci- dence d’un vêtement pareil, elle était dans les ondes rebelles de la chevelure, dans la clarté du front, dans la coupe du visage, dans chaque mouvement, et tout étranger non averti de la différence des conditions sociales des deux jeunes filles, eût dit en pénétrant dans cette pièce : « Voici les deux sœurs. » Marguerite, qui tenait le pot à lait, heurta