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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— C’est cela, pensa-t-il, je lui ferai donner de l’éducation, mais comment ? pourquoi ? sous quel prétexte ? Et puis elle ne peut rester ici, entre nos enfants et moi à sa vraie place, ni à sa place d’aujourd’hui. De place, elle n’en a point ici. Pauvre enfant ! Comment ai-je pu l’ignorer jusqu’à ce jour ? Comme on est dur à vingt-cinq ans ! Que faire maintenant ?

Jamais encore en sa vie de fonctionnaire habitué à débrouiller des affaires ennuyeuses, il ne s’était trouvé en présence d’un problème aussi rude. La misérable erreur de sa jeunesse, vénielle à ses yeux jusqu’à ce jour, s’imposait à son âge mûr, grosse de remords et de complications ! Qui pouvait prédire toutes les vicissitudes, tous les ennuis qu’allait engendrer la présence de Geneviève et l’affinité, trop explicable, qui l’unissait à Marguerite. A tout prix d’abord, il fallait empêcher que celle-ci connût jamais la raison secrète de cette affection qui la portait vers sa sœur. Rougir devant lui-même suffisait, mais rougir devant sa fille, être jugé par cette conscience droite et trop jeune pour être indulgente, assister au bouleversement