Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
75
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

nouvelle. Non, Geneviève ne saurait plus la quitter.

Et cependant, elle aimait Bernard. Lui aussi était l’inconnu un inconnu délicieux et troublant. Oh ! que ne pouvait-elle les garder l’un et l’autre ! Des combinaisons s’ébauchèrent dans sa petite tête, penchée sur la lettre ; son front blanc se fronçait sérieux, tandis que ses joues restaient toutes roses d’émoi. Un timbre électrique la fit sursauter.

« Madame ! »

En hâte elle glissa la lettre dans le tiroir de sa petite table et dégringola l’escalier. Dans la salle à manger où elle arriva essoufflée, madame Varenne faisait la toilette des plantes vertes. D’un geste brusque elle indiqua à sa bonne le désordre de la table où demeurait encore la vaisselle du premier déjeuner.

Geneviève, qui se sentait fautive, obéit en hâte. Dans ses allées et venues, elle rencontra le regard sévère et scrutateur de sa maîtresse. Il n’y avait plus aucune bienveillance dans cet œil bleu qu’une expression inaccoutumée de soupçon et de colère faisait presque noir.