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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/87

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

jetant sa carte dans la boîte. Bernard l’attirait et l’effrayait à la fois, comme un chemin périlleux, qui conduit à un paradis défendu. Aujourd’hui, le désir de s’aventurer un peu plus près du jardin fermé faisait commettre à Geneviève une action qui n’était pas tout à fait droite, et elle se préparait à la conclure par un mensonge. Une rougeur légère colora ses joues, mais la carte était dans la boîte où nul n’avait le pouvoir de la prendre, sauf celui qui la porterait à son destinataire. Le premier pas vers l’irréparable malheur était accompli.

Elle se hâta pour rattraper le temps perdu et fut confuse en arrivant à la maison d’entendre Armandine lui dire que madame l’avait appelée et l’attendait en haut.

Froide et blonde dans le peignoir clair qu’elle n’avait pas encore échangé pour la robe d’après-midi, madame Varenne était assise sur un fauteuil bas. Sa main droite ouverte s’appuyait sur une table et Geneviève n’aperçut pas le feuillet bleu pâle caché sous les doigts blancs.