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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Tu la vois donc ?

L’interrogation devenait presque sévère.

— Oh ! non, papa ! deux ou trois fois seulement sur le chemin du collège nous nous sommes rencontrées, et nous avons échangé quelques mots. La première fois, elle osait à peine venir à moi ; mais elle avait un sourire heureux. La dernière fois, je lui trouvai l’air triste, et comme je lui demandais pourquoi, elle eut des larmes plein les yeux et ne répondit pas. Depuis, j’ai eu du souci pour elle et ce matin, je me suis réveillée en rêvant qu’elle m’appelait à son aide. Est-ce la mélancolie de ce grand linceul blanc, tombé sur nous aujourd’hui, je ne sais, mais j’ai le cœur encore oppressé de ce cauchemar. Il me semble qu’elle est seule, qu’elle est malade peut-être, qu’elle a besoin de moi… et je ne sais où aller la trouver.

— Petite tête qui travaille ! fit le père en caressant les cheveux où brillaient encore quelques gouttes d’eau.

Puis, plus grave :

— Tu n’avais pas encore parlé de ces rencontres, mon enfant ?