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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

Toujours aux endroits les plus infectés de la ville, elle se fit l’infatigable servante des malades les plus abandonnés.

Lorsqu’on lui exprimait l’admiration que son courage inspirait, elle répondait avec un sourire : « Ah ! si l’on savait comme il est doux de souffrir pour Dieu, on rechercherait comme une bonne fortune les occasions d’endurer quelque chose pour son amour ».

La peste cessa, mais l’héroïque charité de Catherine avait triomphé de tous les préjugés, de toutes les calomnies. On ne l’appela plus que la sainte, et le renom de ses vertus, dit Caffarini, comme un délicat parfum pénétra jusque dans les villes les plus reculées de l’Italie.

Et alors, pour la fille du teinturier de Sienne, commença cette vie extraordinaire, sans précédents, dont j’ai parlé.

Comment une jeune fille sans naissance, sans lettres a-t-elle pu exercer, sur la société et sur l’Église, une action si puissante ? Comment est-elle devenue l’arbitre des peuples, la conseillère des grands, le guide inspiré des Papes ?

Problème insoluble pour ceux qui n’admettent pas le surnaturel.

Jamais Catherine ne posa en femme politique ; quoiqu’elle eût le don de l’éloquence qui subjugue et entraîne, jamais elle ne harangua les foules. Mais elle ne put se refuser à ses malheureux concitoyens qui vinrent la chercher dans son humble cellule, car elle avait la parfaite, la sublime charité, et la faim divine de la paix.

C’était l’époque la plus tourmentée, la plus douloureuse du moyen-âge italien.

Dans cette brillante Italie, patrie de la poésie et des arts, on ne semblait plus vivre que pour se haïr, pour s’entre-tuer. Les cruelles guerres des Guelfes et des Gibelins ensanglantaient toujours cette malheureuse terre et, entre les nobles, les bourgeois et le petit peu-