Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/266

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les élèves dans l’arpentage, on y ajouterait le toisé ; et cette étude offrirait assez d’occasions de les fortifier dans l’habitude de l’arithmétique ; enfin, le cours serait terminé par des notions de mécanique, par l’explication des effets des machines les plus simples, par une exposition élémentaire de quelques principes de physique, par un tableau très abrégé du système général du monde.

L’instruction doit avoir aussi pour objet de prémunir contre l’erreur.

Cette dernière partie aurait moins pour objet de donner de véritables lumières que de préserver de l’erreur. Un des avantages les plus grands de l’instruction est, en effet, de garantir les hommes des fausses opinions où leur propre imagination et l’enthousiasme, pour les charlatans peuvent les plonger. Parmi ces grands préjugés, qui ont séduit des nations, et quelquefois l’humanité presque entière, à peine en pourrait-on citer un seul qui n’ait été appuyé sur quelques erreurs grossières en physique. C’est souvent même en profitant avec adresse de ces erreurs grossières que quelques hommes sont parvenus à faire adopter leurs absurdes systèmes. Les écarts d’une imagination ardente ne conduisent guère soit à des projets dangereux, soit à de vaines espérances, que les hommes en qui elle se trouve réunie avec l’ignorance. Cette imagination passive, qui réalise des illusions étrangères, si différente de l’imagination active qui combine et qui invente, a pour