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Déjà l’incendie de l’école pythagoricienne avoit signalé la guerre non moins ancienne, non moins acharnée de la philosophie contre les oppresseurs de l’humanité. L’une et l’autre dureront tant qu’il restera sur la terres des prêtres ou des rois ; et elles occuperont une grande place dans le tableau qui nous reste à parcourir.

Les prêtres voyoient avec douleur des hommes qui, cherchant à perfectionner leur raison, à remonter aux causes premières, connoissoient toute l’absurdité de leurs dogmes, toute l’extravagance de leurs cérémonies, toute la fourberie de leurs oracles et de leurs prodiges. Ils craignoient que ces philosophes ne confiassent ce secret aux disciples, qui fréquentoient leurs écoles ; que d’eux il ne passât à tous ceux qui, pour obtenir de l’autorité ou du crédit, étoient obligés de donner quelque culture à leur esprit ; et qu’ainsi l’empire sacerdotal ne fût bientôt réduit à la classe la plus grossière du peuple, qui finiroit elle-même par être désabusée.

L’hypocrisie effrayée, se hâta d’ac-