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IX


Expropriation des propriétaires Coréens.

En Corée le sentiment de la propriété foncière est très intense et est un des éléments du patriotisme Coréen. Cet instinct de la propriété chez le fermier et le paysan était un obstacle à la colonisation Japonaise, et les meilleures terres arables étant naturellement dans les mains des agriculteurs Coréens, l’expropriation de leurs propriétaires fut un des principaux buts de la politique Japonaise.

Pour ce faire, une Compagnie fut instituée sous la direction du Gouvernement Japonais, qui la subventionne d’une somme annuelle de 250.000 dollars prélevée sur le Trésor Impérial. Selon un article du « New-York Times » du 26 Janvier 1919, « le but de cette Compagnie est de coloniser la Corée avec les Japonais qui sont incapables de se créer une situation dans leur propre pays. Chacun de ces émigrants Japonais reçoit les frais de son transport en Corée, il lui est donné une habitation avec une portion de terrain à cultiver, des approvisionnements, des semences, etc. Cette Compagnie achète les terrains des fermiers Coréens. L’étendue de la Corée est de 82.000 miles carrés, avec 15 millions d’habitants, pour la plupart agriculteurs qui ne veulent pas se séparer de leur héritage ».

« C’est là que l’appui du Gouvernement Japonais », continue l’article, « intervient d’une façon tout à fait asiatique : toute l’organisation financière est centralisée à Séoul, à la "Banque de Chosen", sous le contrôle Gouvernemental. Cette puissante institution financière, comparable à la Banque d’Angleterre, à la Trésorerie des États-Unis, à la Banque de France, grâce à ses succursales, draine, comme intermédiaire, toutes les espèces du pays et fait baisser la valeur des terrains. D’autre part le Coréen, pour payer ses impôts et pourvoir aux besoins de son existence, doit réaliser ses terres ; de ce fait la baisse s’accentue rapidement, et les agents de la Banque, à l’affût de ces ventes, achètent ces terrains au cinquième de leur valeur réelle ».

« Plus du cinquième des terrains les plus riches de Corée », ajoute l’article, « est dans les mains des immigrants Japonais, qui en ont été pourvus grâce aux opérations de cette Banque. »

X


La Langue et l’Histoire Coréennes interdites.

Les Japonais remplacent systématiquement la langue coréenne par la langue japonaise. Dans les écoles, les enfants Coréens sont même obligés d’employer le Japonais pour saluer ou causer avec leurs professeurs Coréens. Dans les Cours de Justice, les Juges sont japonais et toute la procédure se fait en langue japonaise, au détriment du pauvre Coréen qui ne comprend rien à ce qui se dit ou à ce qui se passe.

L’enseignement de l’Histoire de la Corée est absolument interdit. L’emprisonnement, la torture, le bannissement sont les pénalités appliquées au Coréen qui tenterait de raconter aux enfants l’histoire ou les traditions nationales ; même les chansons et les contes populaires sont également interdits.

XI


« Le contrôle » de l’Éducation Coréenne.

C’est le contrôle de l’Éducation des Coréens qui frappe et qui révèle tout l’égoïsme de la politique Japonaise dans la péninsule Coréenne.

La Corée était renommée comme un pays de Lettrés. Le Coréen s’était donné tout entier à l’étude. Mais tout Lettré est un élément de résistance et de protestation contre la tyrannie Japonaise, surtout depuis que l’éducation conduit la pensée et l’idéal à dénier et contester le droit pour une Nation de tenir une autre Nation sous le joug d’une politique de servage.

De ce fait, non seulement l’histoire de la Corée fut interdite dans les écoles Coréennes, mais tout ce qui pouvait, par suite d’un calcul ou d’une arrière pensée, encourager ce que le Comte Teraoutchi — le proconsul Japonais qui annexa la Corée — appelait des idées dangereuses.

Cette politique d’éducation limitée explique pourquoi l’étudiant Coréen ne peut avoir libre accès au haut enseignement des Arts, des Sciences, du Droit, de