Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/104

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certaine partie de cartes que tout jeune encore il avait fait dans la Baie de Cape-town, à bord d’un navire, depuis perdu corps et biens. Puis les sourcils broussailleux de son premier commandant. Puis, il se rappela sa mère, et sans plus d’émotion qu’il n’en aurait eu dans le temps, lorsqu’en entrant dans sa chambre il la voyait assise près de la fenêtre avec un livre, — sa mère, morte elle aussi maintenant — cette femme résolue, que la mort de son mari avait laissée dans la gêne ; mais qui avait élevé son garçon d’une façon si ferme.

Tout cela dans l’espace d’une seconde ; peut-être moins. Un bras pesant s’était alors abattu sur ses épaules ; la voix du capitaine Mac Whirr lui cornait son nom aux oreilles :

— « Jukes ! Jukes ! »

Il y découvrait un ton de préoccupation profonde. Le vent pesait de tout son poids sur le navire, comme s’il eût voulu l’immobiliser dans les vagues. Celles-ci faisaient par-dessus lui d’énormes bonds comme autour du tronc profondément