Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/110

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laissant choir dans la soute. Il y arriva sur le dos et fut ballotté quelque temps dans un parfait état d’impuissance en compagnie d’une lourde barre de fer — la lance d’un soutier probablement — abandonnée là on ne savait par qui. Ce dangereux objet le rendait aussi nerveux que l’eût fait une bête féroce ; il ne pouvait le voir, l’intérieur de la soute, revêtu de poussière de charbon, étant impénétrablement noir ; mais il l’entendait glisser bruyamment frappant de droite et de gauche et toujours dans le voisinage de sa tête ; cela faisait un tintamarre extraordinaire ; cela donnait de grands coups sourds comme si cette barre de métal eût été aussi grosse qu’une traverse de pont. Il faisait ces remarques, tout en culbutant de tribord à bâbord et de bâbord à tribord, et il s’arrachait les ongles à griffer désespérément les murs lisses de la soute pour essayer de s’arrêter. La porte qui donnait dans l’entrepont n’étant pas très bien ajustée, il distingua dans le bas un filet de lumière.

En bon marin qu’il était, et dans la force de l’âge encore, il parvint toutefois