Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/128

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semblait décrire un tour complet. Sa contention d’esprit devenait douloureuse ; et il avait une peur horrible que toute la timonerie ne fût emportée. Des montagnes d’eau ne cessaient de se couler sur elle. Quand le navire faisait un de ces plongeons désespérés, les coins de ses lèvres se pinçaient.

Le capitaine Mac Whirr leva les yeux sur la montre d’habitacle, vissée à la cloison ; les aiguilles noires, sur le cadran blanc paraissaient immobiles. Elles marquaient une heure et demie du matin.

— « Un nouveau jour », murmura-t-il pour lui-même.

Mais le lieutenant l’entendit, et, levant la tête comme quelqu’un qui pleure parmi des ruines :

— « Vous ne le verrez pas se lever ! » s’exclama-t-il.

On pouvait voir ses poignets et ses genoux s’entrechoquer avec violence.

— « Non ! Bon Dieu ! vous ne le verrez pas !… »

Puis il renfonça sa face entre ses poings.

Le corps de l’homme de barre avait