Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/141

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besogne. Dans un claquement sec, la paupière de métal un instant soulevée laissa tomber un flamboiement ardent et blême sur le chef ras du chauffeur, éclairant un instant sa face insolente et la grimace de ses lèvres, puis aussitôt retomba dans un autre claquement sec.

— « Où donc en est le sacré navire ? Pouvez-vous me le dire ? Que la peste m’emporte ! Sous l’eau — ou quoi ? Elle arrive par tonnes, ici. Les maudits capuchons ont donc filé au diable ? Hein ? Savez-vous quelque chose — vous — marin de malheur ! vous… ? »

Jukes, après un instant de stupeur avait traversé la chaufferie comme une flèche, porté par un coup de roulis ; à peine son regard embrassa-t-il la vastitude, la paix et la splendeur relatives de la chambre des machines que le navire, enfonçant lourdement son arrière dans l’eau, le précipita tête baissée sur M. Rout. Le bras du chef mécanicien, d’une longueur de tentacule, et comme mû par un ressort, se tendit à sa rencontre et fit dévier son élan vers les porte-voix où il arriva en tournayant.