Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/148

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— « Allez maintenant ! Beale ! » cria M. Rout.

La vapeur siffla légèrement. Les tiges des pistons reprirent leur va et vient. Jukes appliqua son oreille au tuyau acoustique. La voix l’attendait. Elle disait :

— « Ramassez tout l’argent ; faites vite. Je vais avoir besoin de vous là-haut. »

Et ce fut tout.

— « Capitaine ! » appela Jukes. Il n’y eut pas de réponse.

Il s’éloigna en chancelant comme un blessé quitte le champ de bataille. Il s’était entaillé le front au-dessus du sourcil gauche, il ne savait quand, ni où — entaillé jusqu’à l’os. Il ne s’en apercevait même pas : une dose de mer de Chine suffisante à lui rompre le cou, en lui dégringolant sur la tête avait bien et dûment lavé, nettoyé salé sa blessure ; elle ne saignait pas, mais baillait toute cramoisie : avec cette balafre au-dessus de l’œil, ses cheveux ébouriffés, le désordre de ses vêtements, il avait l’air de s’être fait descendre à un match de boxe.

— « Faut aller ramasser les dollars ! »