Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/149

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cria-t-il vers M. Rout, en souriant pitoyablement dans le vague.

— « Vous dites ?… » dit M. Rout furieusement. « Ramasser ?… À d’autres !… » Puis, frémissant de tous ses muscles, mais exagérant son ton paternel : « Allez-vous en, maintenant, pour l’amour de Dieu ! Vous autres officiers de pont vous finiriez par me rendre idiot. Il y a le premier lieutenant là-haut qui s’est jeté sur le vieux. Vous ne le saviez pas ? Vous perdez la boule, vous autres, qui n’avez rien à faire… »

Ces mots éveillèrent un commencement de colère en Jukes. Rien à faire — vraiment !… Empli d’un violent mépris pour le chef, il repartit par où il était venu.

Dans la chaufferie, le petit homme joufflu de la machine auxiliaire, jouait de la pelle, péniblement, aussi muet que si on lui eût coupé la langue. Le second, par contre, se démenait bruyamment comme un fou loquace et auquel aucune circonstance adverse ne fera jamais rien perdre de son bagout.

— « Vous voilà ! officier vagabond !