Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/67

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— « À l’est ? » répéta-t-il avec une stupeur grandissante. « À… ah ça ! où est-ce que vous croyez donc que nous allions ? Vous voudriez que je fasse dévier de plus de quatre quarts un navire en pleine puissance pour donner plus d’aise aux Chinois ! Non ! j’ai souvent entendu parler de choses folles faites ici-bas, mais ceci… Si je ne vous connaissais pas Monsieur Jukes, je penserais que vous avez bu. Dévier de quatre quarts… et puis ensuite ? Quatre quarts de l’autre côté je suppose, pour rétablir la direction. Qu’est-ce qui a pu vous mettre dans la tête que j’allais faire courir des bordées à un vapeur tout comme si c’était un voilier ?

— Une fameuse chance que ça n’en soit pas un, » riposta Jukes avec amertume. « Il y a beau temps qu’on aurait vu voler les mâts par-dessus bord.

— Vraiment ! et vous, vous n’auriez eu qu’à rester les bras croisés à les regarder s’en aller, » dit le capitaine avec une certaine animation. « Calme plat, hein ?

— Oui, capitaine. Mais il s’amène quelque chose qui sort de l’ordinaire, pour sûr.