Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/98

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pesaient sur lui comme une armure de glace fondante ; il frissonnait ; et longtemps il demeura ainsi, les mains crispées après son point d’attache, affalé dans les profondeurs de la détresse physique. Son esprit était à ce point replié sur soi-même, et cela sans but, sans propos, — que lorsque quelque chose vint lui toucher légèrement les genoux par derrière, il pensa bondir hors de sa peau, comme on dit.

Au soubresaut qu’il fit en avant, il donna dans le dos du capitaine Mac Whirr, qui ne broncha pas ; et alors une main agrippa sa cuisse. Il faut dire qu’à ce moment était survenu une bonace, une de ces menaçantes bonaces durant lesquelles la tempête reprend haleine. Jukes sentit la main lui remonter tout le long du corps. C’était le maître d’équipage. Jukes reconnaissait ces mains, si épaisses et si larges qu’on eût dit qu’elles appartenaient à quelque différente race d’hommes.

Le maître d’équipage avait atteint la passerelle en se traînant à quatre pattes pour pouvoir résister au vent, et sa tête avait rencontré les jambes du second.