Page:Considérations sur la France.djvu/119

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pas au-delà du développement des droits existans, mais qui étoient méconnus ou contestés. Si des imprudens franchissent ces limites par des réformes téméraires, la nation perd ce qu’elle avoit, sans atteindre ce qu'elle veut. De là résulte la nécessité de n’innover que très-rarement, et toujours avec mesure et tremblement.

8° Lorsque la Providence a décrété la formation plus rapide d’une constitution politique, il paroît un homme revêtu d’une puissance indéfinissable : il parle, et il se fait obéir ; mais ces hommes merveilleux n’appartiennent peut-être qu’au monde antique et à la jeunesse des nations. Quoi qu’il en soit, voici le caractère distinctif de ces législateurs, par excellence. Ils sont rois, ou éminemment nobles : à cet égard, il n'y a, et il ne peut y avoir aucune exception. Ce fut par ce côté que pécha l’institution de Solon, la plus fragile de l’antiquité[1].

  1. Plutarque a fort bien vu cette vérité. Solon, dit-il, ne peut parvenir à maintenir longuement une cité en union et concorde ... pour ce qu’il estoit né de race populaire, et n’estoit pas des plus riches de sa ville, ains des moyens bourgeois seulement. Vie de Solon, trad. d’Amyot.