Page:Considérations sur la France.djvu/123

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J'ai vu un grand amateur de la république, se lamenter sérieusement de ce que les François n’avoient pas aperçu dans les œuvres de Hume, la pièce intitulée : Plan d'une république parfaite. — O caecas hominum mentes ! Si vous voyez un homme ordinaire qui ait du bon sens, mais qui n’ait jamais donné, dans aucun genre, aucun signe extérieur de supériorité, cependant vous ne pouvez pas assurer qu’il ne peut être législateur. Il n’y a aucune raison de dire oui ou non ; mais s’agit-il de Bacon, de Locke, de Montesquieu, etc., dites non, sans balancer ; car le talent qu’il a prouve qu’il n’a pas l’autre[1].

L’application dès principes que je viens d’exposer à la constitution françoise, se présente naturellement ; mais il est bon de l’envisager sous un point de vue particulier.

Les plus grands ennemis de la révolution françoise doivent convenir, avec franchise, que la commission des onze qui a produit la dernière constitution, a, suivant toutes

  1. Platon, Zénon, Chrysippe, ont fait des livres ; mais Lycurgue fit des actes. (PLUTARQUE, Vie de Lycurgue). Il n’y a pas une seule idée saine en morale et en politique qui ait échappé au bon sens de Plutarque.