Page:Considérations sur la France.djvu/138

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l'or et le sang ; c'est en forçant tous les moyens, que les maîtres de la France ont obtenu les succès dont nous sommes les témoins. Une nation supérieurement brave, exaltée par un fanatisme quelconque, et conduite par d’habiles généraux, vaincra toujours, mais paiera cher ses conquêtes. La constitution de 1793 a-t-elle reçu le sceau de la durée par ces trois années de victoires dont elle occupe le centre ? Pourquoi en seroit-il autrement de celle de 1795 ? et pourquoi la victoire lui donneroit-elle un caractère qu’elle n’a pu imprimer à l’autre ?

D’ailleurs, le caractère des nations est toujours le même. Barclay, dans le seizième siècle, a fort bien dessiné celui des François sous le rapport militaire. C'est une Nation, dit-il, supérieurement brave, et présentant chez elle une masse invincible ; mais lorsqu’elle se déborde, elle n’est plus la même. De là vient qu’elle n’a jamais pu retenir l’empire sur les peuples étrangers, et qu’elle n’est puissante que pour son malheur[1].

  1. Gens armis strenua, indomitae intra se molis ; at ubi in exteros exundat, statim impetus sui oblita : eo modo nec diu externum imperium tenuit, et sola est in exitium sui potens. J. Barclaius , Icon. anlmorum, cap.III